Land of Talk revient avec un nouvel EP, Calming Night Partner, prévu pour le 12 novembre 2021 via Dine Alone Records (CA) et Saddle Creek (partout ailleurs). Le groupe profite de l’occasion pour partager le premier single, “Moment Feed“, une pièce alternative et atmosphérique de laquelle émane un sentiment de douce urgence. Le titre s’accompagne d’un vidéoclip réalisée par AITSO. « Pendant l’enregistrement de cette chanson, je n’ai cessé d’imaginer le moment où nous pourrions ENFIN jouer des concerts : Une salle pleine de corps qui se balancent, de têtes qui bougent, des yeux qui sourient. Tous ensemble. Ensemble à nouveau. », explique Lizzie Powell qui est à la tête de la formation. « Je crois que cette chanson a été faite pour réchauffer la foule et les salles ».
Calming Night Partner
Land of Talk a enregistré Calming Night Partner pendant la pandémie et dans la foulée de l’acclaméIndistinct Conversations de 2020, qui a vu Powell embrasser un nouveau sens de soi en tant que femme non-binaire, et trouver sa voix en affrontant à la fois un passé douloureux et des structures oppressives.
Le nouvel EP se situe dans un espace thérapeutique similaire, tout en développant davantage le son luxuriant et aventureux de Land of Talk. Ses chansons juxtaposent des réalités parfois sombres et difficiles à des mélodies légères et en cascade.
La pièce titre du EP, “Calming Night Partner“, est une chanson tendre et pleine de violence. La guitare brumeuse d’Elizabeth Powell, influencée par le son des années 90, se pose avec délicatesse sur une couverture étoilée de bruits lointains tandis que les paroles déferlent des questions angoissantes: “Was it a knife fight? / Was it a lifetime? / Did she wear you down, wear you in, sacrificial? / Did she tear you right down the middle?”
Ce mariage étrange et dissociatif du son et des mots résume l’alchimie de Calming Night Partner : la musique crée un havre de paix où les expériences douloureuses et traumatisantes peuvent être explorées en toute sécurité. C’est un état d’esprit familier dans l’ère post-COVID ; Powell utilise l’isolement et l’intimité pour construire un sentiment de soi puissant alors que le monde extérieur semble tout faire pour vouloir l’anéantir.
« Nous avons enregistré en plein milieu de la pandémie“, dit Powell. “Nous étions tous empreints d’une certaine détresse, et tout ce que nous voulions faire quand nous étions en studio, c’était d’être là l’un pour l’autre et se soutenir mutuellement à travers notre amitié. Le studio est devenu notre refuge ».
On retrouve une équipe familière sur ce mini-album enregistré sur une courte période de 10 jours: Mark “Bucky” Wheaton à la batterie ; Chris McCarron, Pietro Amato et Erik Hove aux cuivres, Amato étant également aux claviers. Au départ, Powell n’était même pas sûr que ce EP sortirait : « Je pensais que ce serait une sortie secrète que le groupe ne partagerait jamais ! Je ne sais pas à quoi je pensais ». La “réunion de famille” qui en a résulté a permis de transformer les émotions difficiles en une chaleur palpable sur Calming Night Partner.
L’obscurité de Calming Night Partner n’est jamais unilatérale. L’idée suicidaire qui flotte dans le premier morceau, “Leave Life Alone“, est aussi une ode au laisser-aller : « J’ai réalisé que cela pouvait aussi être “Je vais laisser la vie tranquille et la laisser faire ce qu’elle veut », dit Powell. « Laisser la vie tranquille et faire confiance ». Le morceau phare “Moment Feed“, porté par la résonance et l’urgence de l’orgue Farfisa de Powell, s’attaque à la positivité toxique (et cite “Walking on Sunshine” de Katrina & the Waves) avec un rock bourdonnant et frénétique qui rappelle “National Anthem” de Radiohead, pour ensuite s’ouvrir sur un refrain revêtant une paix angélique.
Travailler avec des collaborateurs de confiance a permis à Powell de propulser le son de Land of Talkdans de nouvelles directions, tandis que le calendrier d’enregistrement serré du EP les a contraints à lâcher prise : « J’essayais de ne pas être aussi perfectionniste, de faire de mon mieux et de ne pas me faire violence avec les façons dont j’ai tendance à me torturer en studio ». De plus en plus, ils délaissent la guitare pour les claviers – “la lueur ! Les harmoniques !” – ce qui recouvre les chansons d’une ambiance lumineuse. L’utilisation des cuivres sur Calming Night Partner est subtile et inattendue : Powell se souvient d’avoir donné à ses musiciens des instructions du genre « jouez comme si vous tombiez dans les escaliers ».
Powell, qui s’est attaquée aux relations toxiques et à la culture de la violence de genre dans son dernier album, a entamé une thérapie pour un syndrome de stress post-traumatique complexe. Un processus qui l’a amené à se confronter à son histoire personnelle d’agression sexuelle et à une enfance au cours de laquelle iel a été “préparé à être un.e artiste qui plaît aux gens“. Iel a également navigué dans le monde en tant que personne non-binaire, un processus qui l’a rendu très attentive à la façon dont les intéractions sociales quotidiennes peuvent rabaisser les gens : « Il m’est arrivé d’insister et de dire “pour votre information, je suis non-binaire”, et l’autre personne ne faisait que confirmer son ignorance », raconte Powell. « J’ai dû m’entraîner à parler pour moi-même, à bien des égards. »
Cependant, au lieu de se détourner du monde ou de tomber dans le nombrilisme, Powell constate que son attention se porte de plus en plus sur la communauté et sur la façon dont la guérison lui donne la résilience dont iel a besoin pour relever les autres, qu’il s’agisse des membres de son groupe ou des gens qui se retrouvent mis en marge par le partriarcat hétéronormatif capitaliste et le suprématisme blanc.
« Je sais qu’il y a tellement d’autres choses qui se passent, dit Powell. Je ne veux pas créer de pornographie traumatique. J’essaie simplement de me guérir. Tout le monde essaie de guérir en ce moment, donc c’est le thème : “Ok, nous avons tous un boulet que l’on traîne avec nous, et nous essayons tous d’en guérir. Alors, faisons-le” ».La musique est un moyen pour Powell d’aborder les expériences douloureuses depuis une position de force et véhicule des choses qu’il est impossible d’exprimer avec des mots seuls. Comme à la fin de “Something Will Be Said“, le dernier morceau de Calming Night Partner, où le simple mantra “seeing what I was not” se transforme en une longue et magnifique pièce instrumentale. La guitare de Powell se fond dans le paysage sonore créé par les autres membres du groupe et la voix de Powell quitte le morceau pour laisser entendre toute la force de la communauté qu’iels ont créé.« Je porte tellement d’espoir en moi et tout cet espoir se retrouve dans ma musique », dit Powell. En 2021, alors que l’espoir et la communauté sont plus essentiels que jamais, Calming Night Partner est un baume et une preuve de la résilience qui surgit au détour des périodes sombres.
Calming Night Partner est désormais disponible en précommande.