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LA BRÈCHE

Après avoir monté LES LOUVES de la dramaturge états-unienne Sarah DeLappe en 2019, pièce dans laquelle les membres d’une jeune équipe de soccer féminin étaient confrontées à la brutalité du passage de l’adolescence à l’âge adulte à l’ère de l’instantanéité médiatique, j’ai eu envie de poursuivre l’exploration de cette période trouble et déterminante de la vie, ce seuil entre enfance et affranchissement. La pièce LA BRÈCHE, de l’autrice américaine Naomi Wallace, explore la cruauté inconséquente des jeux adolescents de trois garçons et une fille qui tentent de s’imposer dans leurs corps trop grands. En quête de dignité, ils testent les limites de leur pouvoir social et sexuel.

Après la mort accidentelle de leur père ouvrier, Jude et Acton Diggs vivent avec leur mère dans une modeste maison d’une petite localité du Kentucky. Pour arriver à joindre les deux bouts, Jude doit travailler après ses cours. Son frère cadet, Acton, se fait intimider à l’école et se lie d’amitié avec Frayne et Hoke, deux garçons un peu plus âgés et mieux nantis, qui acceptent d’assurer sa protection en échange de travaux scolaires. Les nouveaux amis trouvent dans le sous-sol des Diggs un quartier général pour leurs activités, avec la complicité de la rebelle Jude, qui fait tourner les têtes.

À l’initiative du « dominant » du groupe s’invente un pacte entre les garçons : pour sceller leur lien d’amitié, chacun doit renoncer à ce qu’il a de plus précieux. Face au poids des sacrifices de ses amis et ne possédant pas d’objets de grande valeur, Acton, le plus jeune et le plus fragile, se voit forcé à accomplir l’inimaginable.

Quatorze ans plus tard, le temps d’une soirée, les amis se retrouvent et laissent le passé refaire surface. Que s’est-il réellement passé le jour du 17e anniversaire de Jude?

Avec LA BRÈCHE, Naomi Wallace signe un texte à la fois captivant et dérangeant, partant du corps pour parler du corps social. L’intrigue se dévoile peu à peu au fil d’une double temporalité : le drame n’est jamais là où l’on croit qu’il se trouve.

Fine observatrice des mœurs contemporaines, Naomi Wallace dessine à travers son œuvre une cartographie sensible des violences sociales et politiques qui pèsent sur l’Amérique et, plus largement, sur le monde. LA BRÈCHE, c’est une fable terrible sur l’instrumentalisation du corps féminin comme du corps ouvrier, où Naomi Wallace synthétise le tragique des inégalités de classe et de genre en quatre personnages. L’autrice y aborde les notions de dignité et de consentement — thèmes qui, à mon sens, se doivent d’être mis de l’avant actuellement — et livre au passage une charge implacable contre l’industrie pharmaceutique qui institutionnalise l’usage des drogues de synthèse, au point que ce texte a été censuré aux États-Unis par le commanditaire du théâtre où la pièce devait être créée.

Naomi Wallace est une autrice et activiste féministe américaine, originaire du Kentucky. Ses pièces sont jouées au Royaume-Uni, en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient. En 2009, la Comédie-Française inscrit sa pièce UNE PUCE, ÉPARGNEZ-LA à son répertoire, faisant d’elle la première autrice américaine consacrée après Tennessee Williams. À l’été 2019, sa pièce LA BRÈCHE est traduite et créée à Avignon où le texte est salué par la critique. Elle sera présentée au Québec pour la première fois dans la traduction de Fanny Britt.

Solène Paré

Metteuse en scène

“Je suis heureuse que ce projet puisse se réaliser dans cette période de remise en question légitime de la machine politique et sociale… et je suis accompagnée d’une équipe de talent qui partage ce même enthousiasme.”

La première en français de la pièce THE McALPINE SPILLWAY a eu lieu le 17 juillet 2019 au Festival d’Avignon.

* Pour la pièce LES LOUVES, Solène Paré est en nomination pour la meilleure mise en scène aux prix de l’Association québécoise des critiques de théâtre.

Depuis sa formation en études théâtrales à l’UQAM, où elle étudie en particulier les œuvres hybrides contemporaines, puis en mise en scène à l’École nationale de théâtre du Canada, où elle expérimente les chocs que peuvent provoquer les arts plastiques au théâtre), Solène Paré s’intéresse aux procédés d’écriture scénique à partir de matériaux non théâtraux, au courant post-dramatique et aux études sur la fluidité des genres. Tout au long de son parcours, elle a touché autant à l’écriture scénique (LA CLOCHE DE VERRE d’après Sylvia Plath au Théâtre Prospero; U-V à l’École nationale de théâtre) qu’à la mise en scène de textes contemporains (VISAGE DE FEU de Marius von Mayenburg à l’UQAM, QUARTETT de Heiner Müller à l’École nationale de théâtre puis au Théâtre ESPACE GO en 2019, et LES LOUVES de Sarah DeLappe en 2019). En 2017, elle cofonde Fantôme, compagnie de création avant de devenir artiste en résidence au Théâtre ESPACE GO en 2018.

Présenté

Du 31 août au 19 septembre 2021

Supplémentaires les dimanches 12 et 19 septembre 2021

HORAIRE DES REPRÉSENTATIONS

Mardi, mercredi à 19 h

Jeudi, vendredi à 20 h

Samedi, dimanche à 16 h

théatre