
Le traitement de la nuit
À la nuit tombante, Bernard et Viviane prennent leur repas en admirant la splendeur de leur propriété, entretenue avec soin par Jérémie leur nouveau jardinier. Leur fille Léna surgit, de retour d’une nouvelle fugue, mais le couple fait comme si de rien n’était. |
Cette scène se répète et se module au gré du basculement du jour vers la nuit, révélant des mouvements inattendus au sein du quatuor. Plusieurs récits s’inventent au fur et à mesure que la parole se déploie : Léna et Jérémie élaborent un plan pour se débarrasser des parents; Bernard doit soudainement arrêter sa voiture au milieu de la route; Viviane s’inquiète, lorsque le jour se lève, de ne pas retrouver son mari à la maison. Quelle est la part de rêve? La parole a-t-elle le pouvoir de façonner le réel? |
LE TRAITEMENT DE LA NUIT est une tragi-comédie qui se réalise par le langage. C’est en parlant que les personnages fabriquent un monde. Dès qu’ils sont prononcés, les mots nous entraînent vers des espaces où règnent le doute et l’incertitude : d’une situation réaliste, l’autrice Evelyne de la Chenelière introduit graduellement des fissures temporelles et de l’étrangeté, révélant ainsi, avec un humour incisif, les contours de personnages en quête de rédemption. Prisonniers d’un monde qui oscille entre réalité et fantasme, ils ne savent pas dire leur déroute, leur confusion, leurs peurs viscérales et encore moins leur amour. |
« Dans toutes mes pièces, les personnages font usage de la langue pour tenter de retrouver l’innocence perdue, chaque mot prononcé est impulsé par une sorte de procès intérieur se soldant invariablement par le constat d’un impossible rachat. »- Evelyne de la Chenelière |