Skip to main content

Avec SOPHIE CADIEUX, CHRISTINE BEAULIEU, EVELYNE DE LA CHENELIÈRE et JULIE LE BRETON  |  La fureur de ce que je pense à l’Espace GO dès le 8 novembre!

Nelly Arcan était une femme exposée, offerte au regard des autres sans retenue, fragilisée à la fois par l’œil scrutateur des voyeurs  et par sa propre absence de pudeur. En l’espace de huit ans, cette jeune femme a déployé son chant, créé une œuvre et s’est retirée. Juste le temps de poser les bonnes questions. Celles qui dérangent. Celles qui disent la fureur en dedans. Sept femmes, sept « Schtroumpfettes » comme Nelly se plaisait à les appeler, racontent l’effroi de vivre de l’auteure, c’est-à-dire d’habiter un corps de femme. Exposé et convoité. Elles témoignent de ce désir commun d’être LA Schtroumpfette. Unique. Désirée.
La puissance du rythme de l’écriture de Nelly Arcan est saisissante. Avec la volonté de mettre ce rythme en valeur, loin du théâtre psychologique ou du récit biographique, LA FUREUR DE CE QUE JE PENSE propose un collage de ses textes transposés en chants. Neuf chambres sont révélées par des fenêtres-vitrines. Derrière six d’entre elles sont exposées des femmes évoluant dans leur espace privé. À chaque chambre correspond un chant. Chaque chant est l’expression d’une obsession, d’une angoisse ou d’un espoir récurrent dans la pensée et dans l’écriture de Nelly. 
Le chant perdu  /  Où il est question de l’errance, de la solitude et de la souffrance
Le chant des mirages  /  Où il est question des illusions, de l’image et du corps
Le chant occulte  /  Où il est question de la destinée et de la confusion des genres
Le chant de l’éther  /  Où il est question du cosmos, des étoiles et de la nature
Le chant du sang  /  Où il est question des liens du sang et de la descendance
Le chant de l’ombre  /  Où il est question du pouvoir d’attraction de la Mort
Le chant des serpents  /  Où il est question de foi et de folie
Le chant perdu ou chant du Chœur  /  Dirigé par le personnage du spectre qui s’insinue dans l’intimité des femmes
Née dans les Cantons de l’Est en 1973, Nelly Arcan, de son vrai nom Isabelle Fortier, s’est fait connaître en 2001 avec Putain, un premier roman percutant et dérangeant, dans lequel elle parle de son métier d’escorte. Il sera suivi de deux autres livres, soit Folle (2004) et À ciel ouvert (2007). Le 24 septembre 2009, l’auteure s’est donné la mort dans son appartement du Plateau Mont-Royal. Quelques jours plus tard paraissait Paradis, clef en main. Près de deux ans après sa disparition, son ultime ouvrage, Burqa de chair, est publié et propose des récits inédits, dont La Robe et La Honte. En 2013, pour la deuxième saison de sa résidence d’artiste à ESPACE GO, la comédienne Sophie Cadieux avait souhaité explorer le territoire intime de cette œuvre et faire entendre la pensée de l’auteure autrement que par le spectre de la sexualité spectacle. Pour donner corps aux mots de Nelly Arcan, elle a fait appel à la metteure en scène Marie Brassard.
« L’écriture de Nelly Arcan recèle tant de noirceur qu’il faut souvent quitter le livre des yeux un moment. On se dit mon dieu quelle souffrance, comme cette vision est crue. Et quelle intransigeance, quelle dureté, quelle clarté ils ont ces superbes yeux qui transpercent les autres impitoyablement comme des poignards coupants. Paradoxalement, on éprouve alors de l’affection pour celle qui écrit sans pitié ni compassion. L’élan de cette fureur crachée dans cette parole si dure et vive n’arrive pas à masquer la terreur que cette femme brillante, prisonnière d’une sorte d’état d’effarement ininterrompu, éprouvait face aux injustices de la condition humaine, de la condition féminine, des états amoureux. » – Marie Brassard
Pour LA FUREUR DE CE QUE JE PENSE, Marie Brassard s’est entourée d’une équipe d’artistes multidisciplinaires issus de différents horizons. Celle qui a souvent travaillé avec Robert Lepage (LA TRILOGIE DES DRAGONS, LE POLYGRAPHE, NÔ, LES SEPT BRANCHES DE LA RIVIÈRE OTA, etc.) poursuit sa recherche théâtrale entamée en 2001 alors qu’elle créait son premier spectacle solo, JIMMY, CRÉATURE DE RÊVE. Depuis, cette voix singulière du théâtre contemporain mène, au sein de sa compagnie Infrarouge, ses expériences technologiques et explore les manières possibles d’utiliser le son au théâtre. Ses spectacles, dont VIOLENCE, L’INVISIBLE, MOI QUI ME PARLE À MOI-MÊME DANS LE FUTUR et LA NOIRCEUR, ont été accueillis chaleureusement dans plusieurs villes d’Amérique, d’Europe et d’Australie. Pour Marie Brassard, LA FUREUR DE CE QUE JE PENSE constituait une première invitation à créer un spectacle à l’extérieur de sa compagnie. Depuis, elle a recréé PEEPSHOW (ESPACE GO, 2016) et créé LA VIE UTILE d’Evelyne de la Chenelière (ESPACE GO, 2018) et ECLIPSE (Théâtre de Quat’Sous, 2020).

théâtre