« Avec cet album, je tenais à rendre hommage à mon oncle, à sa vie hors-norme, à cette personne extra-ordinaire atteinte de schizophrénie et qui a mis fin à ses jours il y a une dizaine d’années maintenant. Il est mon fil rouge. En essayant de lui donner une voix, j’ai moi-même entamé un voyage introspectif, intime, revigorant et inattendu. Quand je pense à Michel, je pense au Donnie Darko de Richard Kelly, au Bruno de Werner Herzog, au « Mike » Michael Waters de Gus Van sant (My Own Private Idaho), je pense aux figures et âmes solitaires des quartiers résidentiels du peintre Edward Hopper et du photographe Gregory Crewdson, au Fred Madison de David Lynch (Lost Highway), il est tout ça à la fois et unique en même temps et je suis heureux de pouvoir le rencontrer une nouvelle fois à travers le processus de création de cet album. L’album évoquera donc la maladie mentale mais insistera surtout sur l’aspect « extra » ordinaire de son protagoniste. J’ai collecté mes souvenirs d’enfant et d’adolescent, des discussions avec mon père également mais je laisse une large place à l’imaginaire, je me permets de rentrer dans la tête de mon oncle pour fantasmer sa réalité, je “vole” sa parole en quelques sortes pour traverser des thèmes qui m’intéressent comme la solitude, l’envie ou le besoin de trouver sa place lorsque l’on a un pied en dehors du monde. Son trajet a été sensible, violent, beau et imparfait, pleinement humain.
A propos de MUSTII.
Acteur de formation, Thomas Mustin de son vrai nom est auteur, compositeur, chanteur et metteur en scène. Très vite après ses études, il décroche des rôles au théâtre, à la télévision (dans la série “La Trêve”) et au cinéma (dans “Grave”, “Un Petit Boulot”, “L’Echange des Princesses” etc.). En 2017, il obtient un premier rôle en compagnie de Mathilde Seigner dans le téléfilm français “Je Voulais Juste Rentrer Chez Moi”, dans lequel il incarne le tristement célèbre Patrick Dils. Une interprêtation incroyable .En 2019, il joue Hamlet au théâtre, sous la direction d’Emmanuel Dekoninck. C’est aussi la même année qu’il remporte le Magritte du meilleur espoir masculin du cinema belge. Il se fait aussi rapidement remarquer en tant que chanteur, sous le pseudonyme Mustii. En 2016, il sort son premier EP “The Darkest Night” sur lequel figure le single “The Golden Age” immédiatement repris à la radio et il se produit alors sur plusieurs scènes de festivals (le BSF, les Francofolies de Spa, Les Ardentes, Les Solidarités, Les Nuits Botanique, etc.). Suite à un concert au Cirque Royal salué par la presse et le public, les D6bels Music Awards le proclament “Révélation de l’année”. En 2018, il sort son premier album “21st Century Boy” sous le Label Warner Music Benelux. Après une tournée magnifique qui a accueilli plus de 13 000 fans (avec Benelux. Après une tournée magnifique qui a accueilli plus de 13 000 fans (avec deux dates à l’Ancienne Belgique et une caserne Fonck à guichets fermés), il s’est concentré sur l’écriture de son nouvel album, dont la sortie est prévue fin janvier 2022. De l’album, Mustii a déjà sorti deux titres, dont celui ci “Give Me A Hand”.
A propos de l’album :
‘It’s Happening Now’ s’ouvre. Voluptueux, canonique, impétueux, puissant, orchestral. Un fleuve de claviers promet des paradis perdus. Et puis là, sur un piano en mineur, la voix de Thomas Mustin ( Mustii) , une prière, se déploie en chœur global bientôt serti en triomphe électronique. Sensations fortes. La première chanson du nouvel album de Mustii, également titrée ‘It’s Happening Now’, plonge dans le contexte particulier, intime, familial, du chanteur-acteur belge.
« Ce disque de onze morceaux, est basé sur l’histoire de mon père et de son frère, Michel, originaires de la petite classe moyenne, du côté de Charleroi. A l’adolescence, mon oncle –qui est mort quand j’avais quinze ans – a été diagnostiqué schizophrène. J’en ai des souvenirs assez marquants, l’ayant vu dans aussi dans ses crises, entendant parler de ses fugues, de ses douleurs, de ses excès. Mon premier album, ‘21st Century Boy’, sorti à l’automne 2018, reposait sur des couleurs qui m’obsédaient, comme le cinéma de Gus Van Sant, la filmographie du traumatisme. Pour ‘It’s Happening Now’, j’ai voulu me baser sur un processus narratif très réel, très concret ».
Avec l’accord de son paternel, malgré la pudeur face à un tel destin cabossé, Mustii, entreprend une plongée dans les entrailles multiples de ce trouble psychotique vécu à la première personne. Un album qui serait « concept » si le terme ne tenait pas autant d’une distanciation narrative. « Il y a autant de schizophrénies que de schizophrènes. Peut-être l’un des regrets de mon père, qui faisait du coaching et a travaillé dans les ressources humaines, est de ne pas avoir pu empêcher le suicide de son frère ».
Malgré l’intérêt autour du premier album, celui-ci joue dans une division différente. On est loin de la cave sanctuaire ou Thomas et son copain multi-instrumentiste, Elvin Galland, réalisent les morceaux de ‘21st Century Boy’. Alors oui, il survit ici les tentations bombastiques, celles d’une équipe qui invite, entre autres, le parfait guitariste anglais Leo Abrahams. entendu chez Seun Kuti, Brett Anderson ou…Oscar And The Wolf, ce possible cousin flandrien de Mustii. Même si leur voilure émotionnelle est d’emblée différente, avec disons-le, un plus organique chez Thomas.
Diplômé au rayon acteur de l’IAD (Institut des Arts de Diffusion), le tout jeune trentenaire – il est né en 1990 – a donc multiplié les passages au cinéma, téléfilms et théâtre. Pas un hasard si Mustii cite comme influences essentielles, Bowie et…Hamlet. Prince danois accouché sous la tortueuse plume de Shakespeare. « Cette conscience théâtrale, est celle des autres, du public, du décor. Et donc, il faut entrer dans un état de conscience musical pour utiliser le travail. Ce qui veut aussi dire que les chansons de cet album, autour de ma famille, ne pourra pas être sur-interprété en scène. Il va me falloir de la distance et ce sera le travail de création proposé en 2022 ».